Un jardin au bord de l’eau

Votre jardin est bordé par un cours d'eau. Vous le voulez agréable et vert. Vous souhaitez en profiter pleinement jusqu'au bord de l'eau...Quoi de plus normal. Mais la présence du ruisseau et de ses berges peut être à l'origine d'ennuis voire de tracas. Parfois même plus que de plaisir (prolifération d'orties, eau polluée, érosion de la berge, ...). Si le cours d'eau est propre, plus grande sera l'envie d'intégrer les rives et leur caractère aquatique dans l'aménagement du jardin. Il suffit d'opérer une transition entre la partie "sèche" et la partie plus humide, de la manière la plus naturelle possible.

Un diagnostic préalable est nécessaire : soit la berge et la rive côté jardin sont déjà naturelles, et on peut les maintenir telles quelles; soit elles doivent être réaménagées en espace plus naturel. Une berge et une rive bien reconstituées permettent le même développement de la faune et la flore qu'une berge naturelle.


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Jardin naturel en bord de Gette. Photo : C.R. Gette

Cohabiter avec la nature

Un cours d'eau en bonne santé (eau propre; parcours sinueux ; berges naturelles; végétation aquatique et rivulaire sauvage) constitue un couloir ou corridor vert (bleu) où vivent quantité d'espèces animales et végétales de nos régions.

Malheureusement, parfois, les rivières et surtout les ruisseaux se révèlent être des canaux étroits, rectilignes et sans vie. Certains sont incorporés au réseau d'égouttage, ce qui n'est plus autorisé aujourd'hui. Quant au riverain, il devrait pouvoir accepter que le cours d'eau soit relativement mobile. En effet, les méandres évoluent dans le temps par érosion (rive concave) et par dépôt (rive convexe). Ce type de mobilité est facteur d'un bon état écologique. Dans ce cas, il aura un pouvoir auto-épurateur bien plus élevé que si son cours est artificialisé. Le cours d'eau peut donc empiéter sur le domaine privé, par érosion justement.

Mettre en valeur un cours d'eau, c'est assurément participer au développement de la nature.C'est aussi améliorer l'attrait paysager,écologique et récréatif du jardin.

Planter des arbres et arbustes ?

Outre leur aspect décoratif, les arbres peuvent jouer un rôle important dans la stabilisation des berges, lorsque les essences sont bien choisies. Les espèces les mieux adaptées sont le frêne, l'aulne glutineux et diverses espèces de saules.
Ces essences supportent d'avoir les racines dans l'eau et ont l'avantage de pousser très vite, les saules pouvant reprendre à partir d'une simple branche piquée dans le sol. On choisira de préférence des variétés de chez nous.Le mode d'enracinement de ces espèces maintient efficacement les berges pentues lors des crues.Les racines dénudées et immergées constituent des zones abritées qui conviennent à de nombreux organismes, notamment certains poissons qui peuvent y frayer. Leur feuillage laisse passer la lumière contribuant ainsi à une diversité de vie aquatique.

Sur des berges complètement dénudées, mieux vaut répartir des bouquets d'essences locales en différents endroits de la berge, au lieu de créer un alignement unique.
En crête de berge, ou à certaine distance du cours d'eau, certaines espèces indigènes se développent plutôt que d'autres.
Ainsi, sur un sol limoneux plus ou moins humide, le chêne pédonculé, l'érable sycomore, la viorne aubier, le cornouiller sanguin, le groseiller rouge, le cassis se développent-ils facilement...
Tout type de conifère, par contre, est à déconseiller au bord de l'eau : ces espèces provoquent une acidification excessive du milieu, une ombre permanente et trop importante, de plus leur enracinement superficiel laissera la berge vulnérable à l'érosion. Cette pratique est d'ailleurs interdite jusqu'à 6 mètres de la berge.

Une berge et des rives fleuries ?

Si la berge descend en pente douce vers l'eau, un aménagement de plantes herbacées peut se révéler aussi judicieux que des plantations arborées.
De nombreuses espèces sont à la fois belles et bien adaptées pour fixer les entre la terre et l'eau, et améliorer grandement la qualité écologique de votre environnement.
Plusieurs plantes peuvent être installées en pied de berges. Citons en quelques-unes : l'Iris jaune, plante pérenne à bulbe à la belle floraison jaune, le Populage des
marais, la Véronique des ruisseaux, le phragmite, la massette, ...
A mi-berge, d'autres plantes sont mieux adaptées : la Valériane officinale, la Salicaire, la Reine des prés, la Lysimaque, ...
Dans les quelques mètres qui prolongent la berge, il est conseillé de ne faucher qu'une ou deux fois par an la pelouse afin de lui laisser un aspect plus naturel.

Que dit la loi ?

Le cours d'eau est un bien commun. Selon la loi,le lit et les berges sont propriétés de l'administration gestionnaire du cours d'eau tandis que la rive (à partir de la crête de berge) est propriété du riverain. Des règles existent en matière de travaux aux cours d'eau et leurs abords. Le propriétaire riverain doit en outre laisser une bande libre d'accès le long de l'eau pour le gestionnaire.
Enfin, l'usage des herbicides est interdit au bord des cours d'eau (sur les berges) en raison de leur grande toxicité vis-à-vis du milieu aquatique et de l'environnement en général.

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Que faire des déchets organiques ?

En abandonnant les déchets organiques (déchets de tontes,branchages) au fond du jardin, ou même sur la berge, on asphyxie la végétation en place, avec le risque de déstabiliser la berge. Ce type de comportement favorise aussi la prolifération des orties qui ont la particularité de tirer profit de tout enrichissement du milieu en matières organiques...
L’alternative est de valoriser ces déchets verts par un compostage bien mené ou de les acheminer au parc à conteneurs.

Pour en savoir plus

“La rivière, milieu vivant”, Gisèle Verniers (Ministère de la Région wallonne, 2005) (gratuit, tél : 081/33 51 80)
“Entretenir les cours d’eau et l’habitat des poissons”, E.Dupont - Ministère de la Région wallonne, 1998 (gratuit, tél : 081/33 51 80)
“Votre jardin au naturel”, Bureau CIRCAETE, (Ministère de la Région wallonne, 1995) (gratuit, tél : 081/33 51 80)
“Aménagement écologique des berges des cours d’eau : techniques de stabilisation”, GisèleVerniers- GIREA, (Presses universitaires de Namur, 1995)
“Code de bonnes pratiques du riverain : la rivière et nos déchets”, Contrat de rivière Dyle et affluents (gratuit, tél : 010/62 10 53)

www.natagora.be