Zoom sur les problèmes au bord de nos cours d’eau

Grâce au soutien et à la collaboration de ses partenaires et surtout grâce à la précieuse contribution de son «armada» de joyeux bénévoles, le Contrat de rivière Dyle-Gette dispose enfin d’un inventaire des atteintes aux cours d’eau complet et actualisé.

Il vous est désormais accessible… sur notre site, mais quelques explications au préalable sont nécessaires !

Qu’entend-on par « atteintes aux cours d’eau » ?

De nos jours, les cours d’eau subissent une intense pression, liée notamment aux activités humaines : pression urbanistique, pression industrielle, pression agricole, … etc. Cet état de fait n’est bien sûr pas sans conséquence directe, et ceci malgré l’existence de nombreuses réglementations et autres normes en tout genre visant justement à protéger nos cours d’eau.

Les causes de dégradation des cours d’eau sont multiples. Les Contrats de rivière doivent donc mettre en place des inventaires de terrain pour faire un état des lieux de la situation. L’objectif est de relever toutes les agressions subies par les cours d’eau afin de mettre en place, avec les partenaires du Contrat de rivière, les modalités pratiques pour résoudre les atteintes constatées.

Les observations effectuées sur le terrain ont porté sur :

    •    Les rejets d’eaux usées dans les cours d’eau (égouts publics ou rejets de particuliers) : c’est l’atteinte «rejets».
    •    Les dépôts de déchets (divers types) sur les berges ou les rives proches : c’est l’atteinte «déchets».
    •    Les érosions de berges dommageables (origine naturelle, liées aux phénomènes de ruissellement ou au piétinement par le bétail) : c’est l’atteinte «érosions».
    •    Les entraves qui peuvent constituer un obstacle au bon écoulement des eaux et un risque d’inondation dommageable (origine naturelle ou artificielle) : c’est l’atteinte «entraves».
    •    Les ouvrages d’art dégradés (ponts, passerelles, murets, vannes, … etc) : c’est l’atteinte «ouvrages».
    •    Les protections de berges dégradées (tunages, gabions, fascines, … etc) pouvant menacer les biens ou entraver le cours d’eau : c’est l’atteinte «protection de berges».
    •    Les atteintes qu’on ne peut classer ailleurs (remblai, drainage, pulvérisation des berges par les pesticides, cas particuliers, … etc) : c’est l’atteinte «autres».

Le relevé des espèces exotiques envahissantes (balsamines de l’Himalaya, berces du Caucase, renouées asiatiques, … etc), autres atteintes importantes rencontrées le long des cours d’eau, fait l’objet d’une autre procédure et n’est donc pas abordé dans le cadre de cet article.

Historique

Pour le bassin de la Dyle, l’inventaire initial datait de 2001 ; il datait de 2005 pour le bassin de la Gette. Evolutif dans le temps, cet inventaire était régulièrement amendé avec de nouvelles atteintes, constatées ou signalées, qui venaient alors s’ajouter dans la base de données. Toutefois, même si dans le même temps, des atteintes étaient résolues, le retour d’information pour tenir à jour la base de données n’était pas forcément immédiat.

Une première mise à jour de la base de données a eu lieu en 2006 via l’envoi d’un questionnaire aux différents partenaires du CR Dyle et affluents. Plusieurs informations ont ainsi pu être collectées mais pas pour tous les points évidemment. Il aura finalement encore fallu attendre 4 ans pour qu’il soit enfin décidé de repasser systématiquement sur toutes les atteintes recensées jusque-là. Ce travail de longue haleine n’aurait pu être mené à bien sans l’intervention d’une petite escouade de personnes, toutes bénévoles et voulant œuvrer pour le bon rétablissement des cours d’eau.

En effet, le nouvel AGW (13 novembre 2008 : http://wallex.wallonie.be/index.php?doc=12737 précisant les missions des Contrats de rivière stipule que l’inventaire de terrain doit être à remis à jour tous les 3 ans. C’est ainsi qu’en 2010, le CRDG lance un appel à bénévoles pour l’aider à mener à bien différentes missions et notamment les inventaires de terrain (et autres chantiers de gestion). Une cinquantaine de personnes répondent présentes, d’horizons différents mais avec pour volonté commune de retrouver des cours d’eau de qualité. Leur première tâche sera donc de contribuer à mettre à jour la base de données des atteintes aux cours d’eau. Pas de nouvel inventaire exhaustif cette fois, il s’agit plutôt d’une validation ponctuelle pour l’instant mais c’est quand même une information essentielle par rapport aux exigences de la Région wallonne. Ce travail d’actualisation a été réalisé entre 2010 et 2011. Un complément à l’inventaire a également été réalisé en 2012 avec la prospection des petits cours d’eau secondaires du bassin qui n’avaient jusqu’alors jamais été investigués.

Une fois toutes les informations encodées, un toilettage final de la base de données a alors été nécessaire afin de la présenter à tous les différents partenaires du CRDG, Communes et gestionnaires en tête. Ces différentes consultations ont encore permis d’affiner son actualisation.

Recenser les atteintes, que ce soit le long des cours d’eau, le long des voiries, ou ailleurs, est un travail continu : certaines disparaissent qu’il y ait eu intervention ou pas, d’autres apparaissent … Toutefois, il faut bien fixer les choses à un moment ou à un autre, pour pouvoir faire un bilan. C’est le but de l’application présentée ici permettant à toutes personnes intéressées de constater par soi-même les atteintes relevées le long des cours d’eau du bassin Dyle-Gette.

Consultation de l’inventaire

L’interface présentée est un visionneur cartographique, c’est-à-dire qu’il est possible de visualiser les atteintes positionnées sur un fond de carte, au plus proche de la situation réelle sur le terrain. Cet outil est convivial et relativement facile à utiliser ; il permet surtout d’avoir une vue d’ensemble de la situation, ce qui est très appréciable.

Voici quelques conseils d’utilisation (pour plus d’informations, nous vous invitons à télécharger la notice d’utilisation) :

    •    Il est possible de zoomer en avant ou en arrière sur la carte au moyen de la molette de la souris.
    •    Il est possible de déplacer la carte en la faisant glisser.
    •    7 types d’atteintes ont été recensées (cf plus haut) avec chacune leur propre symbologie : un rond pour les rejets, un losange pour les déchets, … etc. Enfin, tout symbole rouge est classé prioritaire et tout symbole noir est classé non prioritaire. Toutefois, cette démarcation est théorique et  fonction de l’importance et de la localisation du point. Au final, une atteinte est une atteinte et nécessite d’être résolue !
    •    Il est possible de faire apparaître ou disparaître ces différentes couches d’informations simplement en cochant ou décochant la case prévue à cet effet (N.B. : les couches nommées « RH » correspondent au tracé des cours d’eau, « communesDG » aux limites communales et « Open StreetMap » au fond de plan).
    •    Il est possible de faire apparaître des informations propres à chacun des points en cliquant sur ce point : numéro du point, coordonnées XY, descriptif, situation, etc ; ce faisant, on peut également avoir accès, s’il y en a,  à la photo du point.

Synthèse

Sans avoir la prétention d’être exhaustif, ni même totalement à jour, cet inventaire montre que le nombre d’atteintes au cours d’eau, ou points noirs dans le jargon, est très (trop) important le long des cours d’eau du bassin Dyle-Gette. C’est en effet pas moins d’environ 1400 points noirs qui sont recensés le long du réseau hydrographique.

Une part très importante de ces points concerne les rejets d’eaux usées (43 %, cf graphique). Cette catégorie reste localement, mais comme dans beaucoup d’autres endroits en Wallonie, la principale atteinte constatée et par là-même la principale source de pollution.

Viennent ensuite les dépôts de déchets en crête de berges : beaucoup de tontes de pelouses mais aussi d’autre matière organique, des gravats, de la ferraille, … etc (24 %).

Les autres atteintes type ouvrages d’art dégradés (ponts, passerelles, murets, … etc), érosions de berges (majoritairement liées au bétail) ou entraves à l’écoulement sont rencontrées en proportions équivalentes (entre 8 et 11 %).

Les autres atteintes sont plus marginales. Citons quand même les cas de pulvérisation des berges par les pesticides encore trop fréquents même si ce n’est pas trop visible sur la cartographie car il s’agit d’un inventaire majoritairement ponctuel comme dit plus haut ; cette atteinte est donc clairement sous-estimée (sauf sur Hannut où elle a fait l’objet d’un relevé exhaustif … et on voit le résultat !).


graphique
Proportions relatives des différentes atteintes en bord de cours d’eau dans le bassin Dyle-Gette


Résolution des atteintes

La résolution des «points rejets» est en cours, notamment dans les zones d’habitat à régime d’assainissement collectif où les travaux de pose de collecteur et de construction de station d’épuration vont bon train. La mise en place de ces infrastructures d’assainissement va donc permettre de réduire la quantité d’eaux usées arrivant dans les cours d’eau, mais tout ne sera pas au beau fixe pour autant. En effet, de trop nombreux rejets individuels directs (c’est-à-dire qui débouchent directement dans le cours d’eau sans passer par la case égout) existent encore un peu partout dans le bassin, et notamment parfois là où les égouts, collecteurs et stations d’épuration sont opérationnels et fonctionnels. Le problème du non raccordement à l’égout est donc général, aucun coin du bassin Dyle-Gette n’en réchappe et les grands perdants dans l’histoire sont bien sûr les cours d’eau ! Pas de répit …

Les dépôts de déchets en crête de berges ou trop proches des cours d’eau, même s’ils ne sont pas aussi polluants que les rejets d’eaux usées et sont souvent le fait d’une négligence de la part de son auteur, peuvent quand même être très perturbateurs pour le bon fonctionnement hydraulique et écologique de la rivière.

    •    Le fait que ces déchets soient entreposés sur la berge va asphyxier et faire pourrir la végétation qui y pousse fragilisant d’autant la berge qui sera beaucoup plus sensible aux phénomènes d’érosion notamment en période de crue.
    •    Dans le cas des dépôts de matières organiques, ces dernières vont, en se dégradant, relâcher les matières azotées qu’elles contiennent, favorisant un enrichissement excessif des lieux à la fois dans l’eau par écoulement et sur les berges (phénomène d’eutrophisation). Ce milieu riche va créer des conditions locales propices à l’arrivée d’espèces considérées souvent comme indésirables : les espèces nitrophiles (orties, liserons, gaillets, Rumex, … etc).
    •    Ces déchets risquent au final de tomber dans le cours d’eau et de former des entraves ou des bouchons qui vont favoriser la montée des eaux en amont et donc accroître les risques d’inondations.
    •    Une fois tombés dans l’eau, visuellement et esthétiquement parlant ce n’est pas l’idéal non plus. Rien n’est plus plaisant en effet que de voir des déchets charriés par le cours d’eau ou déposés aléatoirement sur les berges au gré des crues.

Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, on a donc tout intérêt à stocker ces déchets chez soi loin de la rivière, à les acheminer dans les bonnes filières pour le tri (les parcs à conteneurs ne sont quand même pas si éloignés que ça) ou à faire un compost !

L’utilisation de pesticides en bordure des cours d’eau a des conséquences insoupçonnées sur la vie même au sein de la rivière (poissons et invertébrés). En effet, l’impact de ces produits n’est souvent pas visible directement et les quantités de résidus présents dans les eaux passent souvent inaperçus faute d’une quantification précise.  Le fait de détruire la végétation va également fragiliser les berges sans parler de l’effet visuel d’une telle pratique.

Malheureusement, que ce soit le fait de particuliers, d’agriculteurs ou même d’entreprises, comme dit précédemment, l’importance de cette atteinte dans le présent recensement est largement sous-estimée.

Enfin, pour voir les choses sous un meilleur angle, l’histoire ne le dit pas, mais depuis la constitution de la base de données du CRDG, ce sont quand même près de 470 atteintes qui ont déjà pu être résolues, soit naturellement, soit après intervention du partenariat CRDG. Cela correspond quand même à 25 % du total des points noirs recensés.

Nettoyage d'un dépôt de déchets verts

DGDe0162Pa DGDe0162Pe
Ruisseau Saint-Jean à Jodoigne

Suppression d'une érosion de berges par le bétail

DGEr0706Pa DGEr0706Pb
Ruisseau du Pinchart à Ottignies-LLN

Suppression d'une érosion naturelle de berge

DGEr0625Pa-JGOB9 DGEr0625Pb
Ruisseau de Gobertange à Jodoigne

Réparation d'ouvrages d'art dégradés

DGRe2570Pa-PISCG101 DGRe2570Pb-PISCG101
Pisselet à Chaumont-Gistoux

OA-Avant-ri-des-goutailles-VLV OA-Apres-Ri-des-Goutailles-VLV
Ri des Goutailles à Villers-la-Ville

C’est encore insuffisant mais c’est aussi pas mal …

Conclusions

Le combat continue, merci à tous pour votre aide dans la résolution de ces atteintes !

Si vous êtes intéressés, n’hésitez pas à nous rejoindre en tant que bénévoles du Contrat de rivière Dyle-Gette. Nous planifions notamment un nouvel inventaire exhaustif des atteintes rencontrées le long des cours d’eau dès le début de l’année 2014. Plus proche dans le temps, la saison de lutte contre les plantes invasives se profile à l’horizon (haro sur les balsamines de l’Himalaya entre fin juin et fin septembre) ; là aussi il y aura du travail en suffisance, une petite aide ne serait pas pour déplaire !

A bientôt alors …