Ecrevisses exotiques en Dyle-Gette : appel à témoignages !

Avant le XXe siècle, nos étangs et rivières ne connaissaient pas d’autres écrevisses que l’écrevisse à pieds rouges Astacus astacus. Favorisées par les introductions humaines, l’écrevisse signal de Californie Pacifastacus leniusculus, l’écrevisse américaine Orconectes limosus, l’écrevisse turque Astacus leptodactylus et l’écrevisse de Louisiane Procambarus clarkii, s’imposent de plus en plus dans nos eaux douces.

Les Dalton CRDG NicoleDeMeulemeester

 

Aidez-nous à en savoir plus sur leur distribution locale : voir en fin d’article !

Les écrevisses exotiques

L’Aphanomycose, appelée plus communément « peste de l’écrevisse », est une maladie originaire d’Amérique causée par un champignon parasite. Suite à son introduction accidentelle en Italie à la fin du XIXe siècle, la maladie s’est répandue à travers le continent européen, décimant de manière foudroyante les populations d’écrevisses indigènes. Favorisées par une résistance innée à cette maladie, les écrevisses américaines ont alors été introduites en Europe afin de combler le déficit lié au déclin des écrevisses indigènes et maintenir des stocks exploitables pour la consommation humaine. Ces introductions perdureront tout au long du siècle passé, se prolongeant même jusqu’à aujourd’hui. C’est au total une dizaine d’espèces exotiques, presque exclusivement américaines, qui ont été introduites à des degrés divers en Europe. En Wallonie, 4 espèces exotiques sont recensées, en plus de l’écrevisse indigène.

Une fois introduites dans la nature, les écrevisses exotiques colonisent rapidement les milieux qui leurs sont propices en suivant le réseau hydrographique. On les retrouve dans la plupart des zones humides, eaux closes ou rivières depuis la zone à truite jusqu’à la zone à brème. La dispersion naturelle de ces espèces est d’en moyenne 1km par jour vers l’aval de la rivière, mais les écrevisses ont la capacité de remonter la rivière et même de contourner les obstacles présents au sein du lit mineur en empruntant le lit majeur du cours d’eau. Elles sont alors susceptibles d’entrer en contact avec l’écrevisse à pieds rouges, laquelle succombera rapidement suite à l’introduction de spores du champignon parasite dans le milieu. Les écrevisses exotiques possèdent aussi une fécondité plus élevée et une agressivité plus importante que l’écrevisse indigène et sont de ce fait intrinsèquement plus compétitives que l’espèce indigène (voir Tableau 1).

Vous trouverez ci-dessous une description succincte des cinq écrevisses rencontrées actuellement en Wallonie. Pour en savoir plus et notamment accéder à une clé d’identification, n’hésitez pas à consulter le lien suivant biodiversite.wallonie.be.

Fiche Ecrevisse a pieds rouges

Fiche Ecrevisse turque

Fiche Ecrevisse americaine

Fiche Ecrevisse de Californie

Fiche Ecrevisse de Louisiane

Tableau1

Autres conséquences environnementales 

Outre la transmission de pathogènes aux écrevisses autochtones, les écrevisses exotiques peuvent également causer des nuisances économiques et écologiques en cas de forte densité. L’écrevisse de Louisiane, par exemple, est connue pour transformer les écosystèmes aquatiques et modifier les communautés de poissons. De part son régime alimentaire omnivore et son caractère fouisseur, cette espèce peut transformer un plan d’eau bien végétalisé aux eaux claires et transparentes en plan d’eau turbide riche en phytoplancton mais peu accueillant pour la végétation aquatique, les amphibiens et certains poissons prédateurs comme le brochet. De plus, certaines écrevisses exotiques peuvent grandement fragiliser les berges en creusant leurs réseaux de galeries et conduire à des effondrements spectaculaires pouvant nécessiter de coûteux travaux de renforcement. Au final, comme indiqué sur le schéma suivant, nombreux seront les impacts directs (traits continus) et indirects (traits discontinus) sur l’écosystème concerné. Leur incidence pourra être positive (texte en vert) mais surtout négative bien sûr (texte en rouge).

Consequences environnementales ex P.clarkii

On rappellera enfin que les écrevisses sont susceptibles de bio accumuler de nombreux produits toxiques, métaux lourds ou autres substances, lorsqu’elles fréquentent des eaux polluées. Il s’agit donc de se montrer prudent avant de les consommer.

Les écrevisses exotiques constituent donc une réelle menace qui pourrait s’avérer fatale pour l’écrevisse à pieds rouge en Wallonie. De manière collatérale, elles peuvent également affecter et modifier profondément les écosystèmes dans lesquels elles sont introduites, voire provoquer des dommages économiques et écologiques.

Sachez également que dans toute l’Union Européenne, introduire dans un milieu naturel ou déplacer les espèces d’écrevisses américaines illustrées ci-dessus est un délit.

Il est donc primordial de veiller à ne relâcher aucun spécimen de ces espèces exotiques dans le milieu naturel. La collaboration de tout le monde et la mise en place d'actions de prévention sont d’autant plus importantes que la gestion des populations d’écrevisses se révèle souvent très compliquée.

Appel à signalement

En préambule à de possibles actions qui seront menées dans le cadre d’un futur projet LIFE, un inventaire est en cours dans le sous-bassin de la Dyle. Les premières données 2018 ont déjà pu confirmer la présence des 4 espèces d’écrevisses exotiques ... parfois malheureusement en grand nombre ! L’écrevisse indigène, non figurée, ne subsiste quant à elle plus qu’en un seul site refuge éloigné de tout réseau hydrographique.

Aidez-nous !! Pour compléter ces données et être le plus précis possible, nous sollicitons votre collaboration.

Avez-vous déjà vu ou avez-vous connaissance de la présence d’écrevisses quelque part dans le bassin (cours d’eau, étangs, ...) ?

Toute donnée récente ou ancienne est intéressante pour nous permettre notamment d’orienter nos futures prospections.

Voici deux manières pour nous faire part de vos observations :

Grand merci pour votre aide !

Auteurs : Jérémie Guyon, Etienne Branquart, Adrien Latli et Olivier Antoine