La mare : un havre de quiétude dans votre jardin

Une mare naturelle se rapproche des mares que l'on trouve dans nos campagnes et nos forêts. Différente d'un étang à poissons, elle accueille toute une faune qui viendra spontanément, comme les grenouilles, les tritons, les mollusques, les salamandres…

La plupart des mares existantes ont jadis été creusées par l'homme et servaient au mouillage du bois ou d'abreuvoir pour le bétail; il en reste très peu dans nos campagnes.

Dans ce dossier, nous allons tenter de vous donner envie d’en accueillir une dans votre jardin et vous donner des conseils techniques pour la réaliser de manière efficace et sans mauvaises surprises.  Lisez également la contribution de Léopold Dethier. Il nous livre le bonheur de ses observations dans sa petite mare.

A plus grande échelle dans le bassin Dyle-Gette, nous vous présentons celles installées ces dernières annéespar les partenaires locaux du Contrat de rivière : elles améliorent chacune la biodiversité des milieux naturels.

A vos pelles donc, pour donner un coup de pouce à « Dame Nature » !

 Une mare naturelle, pourquoi ?

Creuser une mare, c'est créer un refuge pour notre faune et notre flore aquatiques sauvages. Une mare, c'est également un outil pédagogique aux facettes multiples.

Les mares naturelles remplissent de nombreuses fonctions :

·  elles participent au maillage écologique en offrant des refuges et des lieux de reproduction pour la vie sauvage. Des espèces en régression peuvent y trouver refuge: le crapaud accoucheur, la salamandre terrestre...;

·  elles filtrent l'eau avant qu'elle n'arrive dans la nappe souterraine ;

·  elles sont des lieux de découverte pour les enfants;

·  elles diminuent les risques d’inondation (débordement des cours d'eau).

Hélas, elles sont menacées par la pollution (engrais, pesticides, etc.) et les invasions d'espèces exotiques (grenouille taureau, myriophille du Brésil, etc.)

Avant de se mettre au travail, trois questions essentielles sont à se poser :

Un brin d'écologie

Une mare naturelle n'est pas un bassin aux berges verticales peuplé de nénuphars et de poissons rouges. Il s'agit d'un écosystème complexe.

Une bonne exposition permet aux plantes aquatiques (en particulier certaines plantes submergées qu'on appelle oxygénantes) d'utiliser l'énergie solaire pour produire de l'oxygène. Cet oxygène va permettre aux consommateurs de premier ordre et de second ordre de se développer. Les premiers sont des herbivores tels les mollusques et le zooplancton. Les seconds sont des carnivores comme les larves de libellules ou les grenouilles.

Les organismes décomposeurs transforment les organismes morts en matières nutritives assimilables par les plantes....Et la boucle est bouclée.

Un danger qui guette la mare est l'eutrophisation. C'est à dire l'excès de matières nutritives dans le milieu. Une telle évolution entraîne le développement explosif d'un très petit nombre d'espèces au détriment des autres. L'eutrophisation peut être due à une eau trop riche (eau de ville) ou à un excès de matières organiques (feuilles mortes, vase et boues).

D’un point de vue légal 

Pour autant que le relief du sol ne subisse pas de modification sensible et qu'on se situe dans un jardin domestique (cour et jardin au sens du CWATUPE), la création d'une pièce d'eau d'une superficie maximale au sol de 15 m² est dispensée du permis d'urbanisme (art. 262, 5°, a du CWATUP). Il s'agit dans ce cas plutôt de mares que d'étangs.

En milieu forestier, certaines prescriptions supplémentaires sont à respecter, consulter : http://environnement.wallonie.be/publi/dnf/Guide_mares_foret.pdf et il est également possible d’obtenir une prime dans le cadre des mesures agri environnementales.

Maintenant au travail !

Le creusement :

La mare idéale atteint une profondeur d'environ 1 m et présente une pente douce exposée au sud. Une pente douce uniforme entraîne un glissement des terres sur la surface imperméable artificielle. Il est donc indispensable de la concevoir sous la forme de paliers d'une profondeur de 20 cm chacun.

Attention, un talus constitué de remblais ne peut pas servir de berge. Elle céderait sous le poids de l'eau. Pensez-y lors de la conception.


L’étanchéité :

Sur un sol argileux naturellement imperméable, il est inutile de se soucier de l'étanchéité. Ailleurs, par contre, c'est indispensable. Diverses options sont possibles (argile, bâche en PVC, bac préformé ou fond rigide en polyester, fond rigide en béton armé, etc.). Elles ont toutes leurs avantages et leurs inconvénients.

On considère généralement que c'est la bâche en PVC qui présente le meilleur rapport qualité/prix. Mais elle est assez fragile et ne peut être placée que dans des lieux peu fréquentés ou surveillés.

La bâche en PVC est aussi sensible aux attaques de rongeurs. Pour les éviter, on placera un treillis en première couche. En seconde couche, on pensera à épandre une épaisseur de 5 à 10 cm d'un mélange sable/argile (50/50) en vue de protéger la bâche contre les cailloux saillants.

La bâche elle-même se pose délicatement en rabattant les plis saillants. On peut ensuite remplir la mare une première fois. La bâche épousera alors parfaitement la forme du fond et on pourra l'arrimer. Cette dernière opération consiste à enfouir les bords de la bâche dans le sol au-delà des berges.

Videz ensuite la mare avant le remplissage définitif.

Si la mare est exposée aux visites fréquentes et non contrôlées, il est indispensable d'envisager un autre système d'étanchéité que la bâche en PVC. Des matériaux plus résistants existent mais ils sont plus chers (ex. géotextile).


Le remplissage

Avant l'arrivée de l'eau, pensez à épandre environ 5 cm de terre au fond de la mare. Elle servira de substrat pour les végétaux et de refuge pour les animaux. Evitez les terres trop riches comme le terreau en choisissant, par exemple, un mélange sable/argile (50/50).

Laisser se remplir la mare naturellement peut prendre du temps. Préférez l'eau de pluie à l'eau de ville.


Côté technique


Au fil des saisons et des années

Laissez les animaux coloniser spontanément la mare. Vous verrez le milieu grouiller de vie en peu de temps. Toute introduction (et en particulier l'introduction de poissons) risque de briser son équilibre précaire.

La colonisation spontanée de la mare par les végétaux est extrêmement lente. Vous pourrez l'accélérer en introduisant des plants, des boutures, des rhizomes ou des graines prélevés dans les milieux humides des environs. Si vous vous adressez à un pépiniériste, insistez pour qu'il vous fournisse des espèces sauvages (pas d'espèces exotiques ni horticoles).

La bâche PVC est sensible aux rayons du soleil. Pour qu'elle ne se fissure pas avec les années, couvrez les bords qui sont hors de l'eau avec de la terre ou de la végétation.

Les entretiens qui permettent de maintenir la mare en bonne santé ne sont pas bien lourds. Il faut veiller à garder un niveau d'eau suffisant lors des périodes de sécheresse, à réduire de temps en temps la végétation qui se montre trop exubérante et à extraire la vase excédentaire au bout de quelques années. Voilà, et le tour est joué.


A éviter

Dans tous les cas, les poissons rouges sont proscrits. En premier lieu, il ne s'agit pas d'une espèce indigène. Ensuite, ces animaux ont un grand appétit et risquent de transformer votre pièce d'eau en désert écologique.

Ficelle


Les petits problèmes


Les petits protégés de la mare de Léopold Dethier

Léopold Dethier, homme enthousiaste et autodidacte assoiffé de connaissance de la nature, est membre actif dans plusieurs associations de protection de la nature. «Je dispose d’une petite mare dans mon jardin (jardin on ne peut plus sauvage !) d’une taille de 4,5 m². »


Petit-espace

Petite par la taille mais tellement précieuse par la diversité des espèces qui l’ont colonisée. Grâce à cette mare, Léopold découvre la vie de ses habitants en temps réel et toute l’année.  Ses observations, il ne manque pas de les partager avec beaucoup de passion lors de ses conférences

« La nature est un vaste sujet pour mes conférences. Je milite pour la protection des zones humides et pour la création de mares dans les villages, dans les jardins des écoles (quand elles disposent de cet espace) ainsi que dans les jardins privés.  Mes observations me permettent de sensibiliser les enfants des écoles primaires à la connaissance ainsi qu’au respect de ces riches écosystèmes”.

Cette mare est aussi en quelque sorte son « vivier » dans lequel il prélève quelques individus à présenter aux enfants dont les yeux s’écarquillent souvent quand ils n’ont pas la chance de participer aux  expéditions « mare » au cœur de son jardin.

Plus de renseignements sur son expérience et ses connaissances : Léopold Dethier – Tél. : 010/81 05 86 ou GSM : 0498/52 21 73


 La-richesse-en-images « la richesse en images »

2013 : des nouvelles mares "à la pelle" en Dyle-Gette !

Comme nous vous l’avons expliqué dans notre introduction, nos partenaires s’associent et collaborent pour recréer des mares dans les milieux propices.  Elles jouent un rôle primordial dans le maillage écologique en assurant une connexion entre les sites naturels, nécessaire pour le développement ou le maintien des espèces végétales et animales.  Nous vous en présentons quelques-unes.

A Rosières (abordée dans notre précédente lettre), c’est un cas de « nouveau-né » qui a reçu ses premières pluies en avril 2013.  Elle a été installée à l’ancienne sablière de Rosières par les bénévoles du PCDN de Rixensart.

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A Genval dans la réserve naturelle du Carpu, des mares ont été créées cette année pour restaurer la prairie humide, sous la houlette de Natagora en collaboration avec le PCDN de Rixensart

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A Hannut, une mare a été installée début 2013 dans la zone d’expansion de crue du Henrifontaine. Preuve que l’on peut concilier de la gestion hydraulique avec des aménagements de protection de la nature. Cette mare joue le rôle de refuge pour les batraciens lors des périodes sèches en été. A l’initiative du PCDN de Hannut, cet aménagement a été réalisé par le Service public de Wallonie, gestionnaire du site de retenue d’eau, en collaboration avec le CRDG et Natagora.

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Le SPW vient aussi de réaliser une nouvelle mare à hauteur de la vanne qui règle le débit dans la zone d'expansion de crue de la Grande Gette en amont de Jodoigne.

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A Jodoigne, dans la réserve naturelle de Saint-Rémy-Geest gérée par Natagora, deux mares ont été creusées tout récemment dans cette prairie humide baignée par la Trislaine. Le site possède une belle diversité des milieux naturels mais il lui manquait cet aménagement pour compléter l’ensemble avec la faune et la flore spécifique des mares : batraciens, libellules, demoiselles...

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A Orp-Jauche, la réserve  des « caves Paheau » gérée également par Natagora accueille une mare creusée cette année lors de la restauration de la pelouse calcaire située sur les bords du versant du Henrifontaine.  Les machines qui travaillaient à l’étrépage du site (technique de gestion du sol qui consiste à enlever et à exporter une bande de terre de 10 à 20cm en vue de son appauvrissement) ont donné un coup de pelle supplémentaire.

A Grez-Doiceau, à l'orée du Bois de Laurensart, à Chaumont-Gistoux dans la réserve de la Champtaine et à Beauvechain dans la réserve du Grand Brou, ces 3 réserves naturelles domaniales gérées par le Département Nature et Foret du SPW, accueillent des mares pour enrichir la biodiversité.

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Citons encore à Beauvechain, la mare didactique de l’école d’Hamme-Mille ou la mare aux  salamandres restaurée par le PCDN…

Cette liste est loin d’être exhaustive tant ces petits espaces naturels sont créés facilement, et certains avec peu de moyens, et les bienfaits sur les écosystèmes réels et rapides.


Sources :

http://environnement.wallonie.be/dnf

http://www.natagora.be

Pour en savoir plus ...

·       Créer une mare naturelle dans son jardin

http://environnement.wallonie.be/publi/education/creer_mare.pdf

·       Comment réaliser une mare naturelle ?

http://www.natagora.be/fileadmin/Nature_au_Jardin/Fiche_conseil/fiche_NATAGORA_NAJ_mare_BIL_080509.pdf

·       Quelles sont les plantes à installer dans la mare ? :

http://www.natagora.be/fileadmin/Nature_au_Jardin/Fiche_conseil/fiche_NATAGORA_NAJ_liste_plantes_mare_BIL_080509.pdf

·      Les prédateurs de la mare par Léopold Dethier http://www.natagora.be/fileadmin/Regionales/Entre-Sambre-et-Meuse/ClinOeil9/CLIN_D_OEIL_09_-_predateurs_mare_-_L_Dethier.pdf