Vous n’avez sûrement pas oublié l’émoi suscité au printemps 2017 par la nouvelle parue dans la presse de la décision d’éradiquer les castors à Walibi.
La présence de castors sur le site du parc en inquiétait effectivement les responsables, qui craignaient que ces gros rongeurs ne fassent tomber des arbres sur les attractions, ou même ne s’en prennent aux attractions elles-mêmes, surtout au Loup Garou. Peut-être pourraient-ils même occasionner des dégâts aux rives et à l’îlot du grand étang ? Inquiets, les responsables s’étaient adressées aux autorités et en retour avaient reçu une dérogation en vue de l’éradication des animaux.
Pourtant, si les dirigeants de Walibi souhaitaient surtout être rassurés, s’ils souhaitaient que les castors puissent être capturés et emmenés ailleurs, ils ne demandaient point leur éradication. Que faire alors ?
Rapidement, des propositions vinrent, cherchant à permettre la réinstallation de cette famille de castors. D’abord on considéra les décanteurs, à Genappe, mais il semblerait que les berges des décanteurs n’y résisteraient pas. Ensuite Pairy Daiza mais le castor n’est pas encore présent en Hainaut, de plus enfermer cette famille dans un parc, alors qu’elle a besoin d’un territoire d’au moins un kilomètre de berges et que ses jeunes doivent pouvoir s’en aller en fin d’adolescence pour éviter de violents conflits avec leurs parents, ça ne pouvait pas marcher. Enfin Virelles, mais là il y avait déjà des castors sur territoire, et ils ne laisseraient pas des nouveaux venus s’installer, même sous le parrainage des humains. Il y aurait des violences, peut-être des morts.
En fait, attraper cette famille pour la déplacer ou l’éradiquer, était-ce vraiment à conseiller ? Tous les spécialistes vous diront que sitôt le territoire libéré, d’autres castors viendront en prendre possession, surtout qu’ils sont très présents dans cette partie du bassin de la Dyle.
Chez Natagora, on décide alors de reprendre le problème à la base, et notre DG appelle le DG de Walibi. Rapidement, il apparaît que chez Walibi on ne demande qu’à se laisser convaincre par nos arguments, et donc de laisser « leurs » castors vivre en paix là où ils sont. Les deux DG se mettent donc d’accord, avec la promesse de Natagora d’aider Walibi à gérer la présence de leurs gros invités.
Nous nous lançons donc dans l’inventaire détaillé des lieux. Il s’avère vite qu’en fait de dangers pour les attractions et les visiteurs du parc, et bien, il n’y a pas danger. Au maximum faudrait-il protéger deux arbres au moyen d’un manchon métallique pour éviter que les castors ne les fassent tomber au mauvais endroit. Le grand étang est largement empierré et donc peu propice à l’occupation par nos animaux. Le risque que les castors construisent des barrages sur la Dyle est pour ainsi dire nul, au vu du profil de la rivière, et donc il n’y a pas de danger d’inondations. Enfin, en ce qui concerne le Loup Garou, il a beau être en bois, il ne craint rien car le castor ne mange pas de bois, seulement des écorces, et encore moins du vieux bois, traité et bien dur. De plus, le parc et la rivière sont séparés par une série de clôtures et donc, l’accès au parc par les occupants du cours d’eau est impossible.
Par contre, de nombreux arbres sont importants pour l’esthétique des lieux. Il faudrait penser à en protéger au moins certains à l’aide de manchons métalliques, et nous faisons la démonstration à deux employés de la manière de procéder. Nous expliquons aussi qu’il est inutile de protéger tout de suite tous ces arbres, car les castors n’exploitent jamais qu’une partie de leur territoire à la fois. Notre message : « protégez les arbres de cette section, pour le reste assurez une surveillance hebdomadaire pour voir s’il les castors se déplacent vers une autre section et vous serez tranquille. Et appelez-nous en cas de question ou d’inquiétude ».
Évidemment, pour arriver à ces conclusions, il faut bien connaître le castor, ses habitudes, ses comportements, sa vie de famille. Sans accès à ces compétences, il est normal de s’inquiéter et de vouloir des mesures qui apparaissent exagérées quand on a l’expérience de l’animal.
C’est pour cette raison que Natagora a pris l’initiative en début d’année de lancer un groupe de travail Castors, pour recruter et former des bénévoles dans toute la Wallonie, de manière à faire en sorte que, in fine, dans chaque région il y ait au moins un ou deux spécialistes du castor pour assister les riverains avec conseils et recommandations.
Suivant les recommandations des consultants de Natagora, une série d'arbres ont été protégés par Walibi.
Voulez-vous en savoir plus sur le GT castors, ou le contacter ? Alors, il vous suffit de visiter : https://www.natagora.be/index.php/nos-poles-et-groupes-de-travail
Frédéric Raes,
Bénévole Natagora et coordinateur du groupe de travail Castors.
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