Après 2 campagnes complètes de suivi de la qualité des eaux du bassin entre 2001 et 2011, le Contrat de rivière Dyle-Gette et ses partenaires ont entamé une troisième série de mesures dans le cadre des engagements du programme d’actions 2014-2016.
Cette nouvelle session d’analyses, déclinées sur 3 ans, comprend 75 stations (25 par an) réparties sur 54 cours d’eau différents et 21 communes.
Pour rappel, et ce depuis 1999, le Contrat de rivière Dyle-Gette a mis sur pied un réseau de mesure de la qualité des eaux, interne au sous-bassin considéré. L’idée était d’avoir une meilleure idée de la qualité des différents cours d’eau locaux. La spécificité de ce réseau est donc son grand nombre de stations d’échantillonnage réparties sur la totalité des principaux cours d’eau du bassin. Trois indices de qualité ont été mesurés : l’indice biologique global normalisé (IBGN, 1 collecte sur l’année mais abandonné fin 2011), l’indice de polluo-sensibilité (IPS, 1 collecte sur l’année) et l’indice de pollution organique (IPO, 3 puis 4 collectes sur l’année). Ce dernier indice intègre 4 paramètres différents : la demande biochimique en oxygène (5 jours), la concentration en ions ammonium, nitrites et phosphates. En marge de ces paramètres sont également consignés le pH, la conductivité, la température de l’eau, la concentration en oxygène, la demande chimique en oxygène, l’azote total et Kjeldahl ainsi que la concentration en ions nitrates.
Quatre partenaires collaborent (ou ont collaboré) à ce réseau : l’Université libre de Bruxelles pour l’indice macro-invertébrés, l’Université catholique de Louvain & le Département du Milieu naturel et de l’Agriculture (SPW) pour l’indice diatomées, ou encore le Centre provincial de l’agriculture et de la ruralité (Province du Brabant wallon) & l’Intercommunale du Brabant wallon pour les analyses physico-chimiques.
Deux indices de qualité seront calculés : l’indice de pollution organique (via une approche physico-chimique) et l’indice de polluo-sensibilité (via une analyse des algues diatomées). Comme précédemment, 1 passage par an sur l’ensemble des stations sera réalisé pour le calcul de l’IPS, et, pour la première fois, 4 passages par an et par station seront réalisés pour le calcul de l’IPO, ceci afin de renforcer la fiabilité des moyennes et, si possible de s’affranchir d’un quelconque effet saisonnier.
Outre le suivi de l’évolution de la qualité de l’eau qui reste l’objectif majeur de cette nouvelle campagne, d’autres objectifs plus ponctuels seront également à l’ordre du jour : investigation de nouveaux cours d’eau, soutien des actions du partenariat, …
De plus, une plus grande complémentarité avec le réseau d’analyse de la Région wallonne, déjà présent sur les plus grands cours d’eau du bassin, est prévu à la fois (i) dans le choix des stations d’analyses et (ii) dans la présentation des résultats.
(i) Le but ici est d’éviter les doublons et en outre cela va permettre nous CRDG permettre de focaliser notre attention sur les affluents pour mettre en évidence les plus déficients dans le cadre de l’objectif d’atteinte du bon état écologique de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE).
(ii) Outre les indices IPO et IPS qui vont nous permettre de comparer nos résultats avec les années antérieures, le but ici est de s’aligner sur la manière de faire de la Région wallonne afin de rendre nos données directement utilisables, toujours dans le cadre de l’objectif d’atteinte du bon état écologique de la DCE.
Au niveau du planning :
Les analyses physico-chimiques (IPO) réalisées au CRDG se focalisent principalement sur le degré de pollution organique des eaux. Cela permet de mettre en évidence la pollution liée aux arrivées d’eaux usées domestiques et agricoles, qui est une des causes principales de l’altération des eaux dans notre bassin.
Compte tenu du contexte local marqué par une faible pente et une forte pression urbanistique, démographique et agricole, aucun des cours d’eau analysés ces deux dernières années se semblent de bonne qualité du point de vue physico-chimique en ce qui concerne la pollution organique de leurs eaux (fig. 1). D’un point de vue global et synthétique, les résultats font en effet apparaître qu’environ deux tiers des cours d’eau inventoriés présentent une qualité d’eau moyenne (68%), le tiers restant présentent quant à eux une qualité d’eau mauvaise à médiocre (32 %).
Parmi les cours d’eau à qualité moyenne, certains petits affluents s’écoulant dans des milieux plus préservés, ayant même parfois échappés à l’urbanisation, arrivent malgré tout à tirer leur épingle du jeu. On peut citer le ruisseau du Carpu et le ri Margot sur Rixensart, le ruisseau du Grand Pré sur Chastre, le ruisseau du Pombrou à Genappe, le ri de Hèze sur Grez-Doiceau, un petit affluent forestier sans nom sur Beauvechain (nommé ici « Warande vijver ») ou encore les ruisseaux Saint-Pierre (dans sa partie amont) et Trislaine sur Jodoigne (leur indice de pollution organique varie entre 3,5 et 3,95 / 5). Malgré tout, le contexte général alentour est source de pressions et de dégradation de leur qualité d’eau. Cela est d’ailleurs bien visible pour le ruisseau du Carpu qui, sans pression particulière en amont du point de prélèvement, présente des valeurs en nitrates très préoccupantes et en tous cas insatisfaisantes du point de vue des normes DCE. L’influence du contexte rural est aussi bien visible pour le ruisseau de St-Pierre : aucun déséquilibre n’est constaté en amont, mais en aval, après la courte traversée du village pourtant épuré (!), on peut constater que les formes azotées et phosphatées deviennent limitantes.
Avant d’autres analyses complémentaires en 2016 dans leur partie aval, c’est le cours amont de certaines rivières qui ont retenu notre attention en 2015. Ce fut le cas pour la Thyle et le ruisseau du Prés des Saules à Sart-Dame-Avelines. Tous deux analysés en amont des grandes traversées d’agglomérations, hors de l’emprise des travaux d’épuration, présentent, comme les petits affluents cités ci-dessus, une qualité d’eau assez intéressante pour la région (indices de pollution organique de l’ordre de 3,7 / 5). Dans le détail des mesures, il apparaît toutefois que les formes azotées type nitrites et nitrates, comme souvent dans le bassin, ne sont malgré tout toujours pas satisfaisantes.
D’autres cours d’eau ont encore été analysés pour illustrer ou renforcer la nécessité de réfléchir à de nouvelles solutions d’épuration, comme le changement de régimes d’assainissement de certains petits villages ou la poursuite des efforts d’épuration pour d’autres. Pour ceux-ci, on ne s’étonnera donc pas des mauvais résultats obtenus. C’est le cas de plusieurs cours d’eau sur Walhain comme les ruisseaux du Nil ou de Lérinnes, du ruisseau du Piou à Corroy-le-Grand (Chaumont-Gistoux), du ruisseau d’Aronnelle à Genappe ou encore du ruisseau du Hussompont à Lathuy (Jodoigne). Concernant le ruisseau de Lérinnes (indice de pollution organique de 1,65 / 5), ces résultats, couplés à l’inventaire des atteintes au cours d’eau finalisé par le CRDG en début d’année, montrent que le cours d’eau, actuellement en très mauvais état aurait tout à gagner, dans une certaine mesure, à un changement de régime d’assainissement (autonome à collectif).
Les analyses biologiques quant à elles reposent sur l’utilisation des diatomées (indice IPS) , ces fameuses algues unicellulaires présentant une sensibilité spécifique à la pollution et dont, justement, la coque siliceuse permet de discriminer les différentes espèces (fig. 2).
Parmi les 48 stations analysées en 2014 ou 2015, plusieurs d’entre elles (28 exactement) permettent de faire un comparatif avec des valeurs précédentes pour juger de l’évolution de la qualité des eaux. Ces dernières ont notamment fait l’objet d’analyses car plusieurs paramètres avaient évolué, notamment en termes d’épuration des eaux.
D’un point de vue global et synthétique (fig. 3 et 4), on peut se réjouir que tant du côté des analyses physico-chimiques et encore plus du côté des analyses biologiques, les résultats indiquent une amélioration significative de la qualité de l’eau. Notons toutefois que cette différence entre les deux indices est normale car les diatomées sont des organismes qui répondent plus vite aux variations environnementales. Cette amélioration est en tous cas clairement à mettre en relation avec les efforts consentis en termes d’assainissement des eaux et en termes de rationalisation des pratiques agricoles. Malgré tout, en regard avec le contexte local, un bruit de fond subsiste ; il reste donc du travail, c’est loin d’être parfait, mais c’est une information très encourageante pour la suite.
Les améliorations les plus sensibles sont constatées sur la masse d’eau de la Néthen et de ses affluents (Beauvechain), sur la masse d’eau du Pisselet et de son affluent le Louvrange (Chaumont-Gistoux - Grez-Doiceau) ou encore de manière remarquable sur le ruisseau de Hèze à Grez-Doiceau (son IPO passe de 2,07 à 3,95) ou sur la Grande Gette à Perwez (son IPO passe de 2,5 à 3,425, voir plus bas). L’Orne, quant à lui, montre une amélioration sensible à la sortie de Chastre (son IPO passe de 2,78 à 3,35).
Quand on regarde le détail des mesures, on peut constater une augmentation globale, paramètre par paramètre, du nombre de stations de bonne qualité. En clair, pour les 28 stations analysées, on retrouve, ces deux dernières années, significativement moins d’azote ammoniacal et de phosphates dans les eaux. De même, les eaux entre les 2 périodes d’analyses contiennent nettement moins de matière organique (diminution de la Demande Biologique en Oxygène), conditions favorables à une meilleure oxygénation des eaux et donc de la vie aquatique ! Ce constat est toutefois moins net, voire inchangé, pour les quantités de formes azotées de type nitrites et nitrates retrouvées dans les eaux, ce qui somme toute est concordant avec les analyses faites par la Région wallonne à l’échelle de la masse d’eau dans son ensemble. La Demande Chimique en Oxygène ne semble pas varier non plus entre les deux périodes, mais le nombre de comparaison possible est plus faible, et donc la tendance moins fiable.
La tendance constatée pour certains cours d’eau comme l’Argentine à La Hulpe, notamment dans sa partie amont, en apparence contradictoires est à confirmer sur le moyen terme. En effet, les deux indices synthétiques calculés n’évoluent pas dans le même sens entre les 2 périodes. Alors que le quartier de Gaillemarde a été récemment égoutté et le tout relié au collecteur, l’indice IPO (analyses physico-chimiques) indique un déclin mais l’indice IPS (analyses biologiques) semble indiquer au contraire une amélioration … Cette apparente contradiction semble néanmoins à relier à la remarque faite plus haut sur la différence de réactivité aux changements entre les marqueurs biologiques et physico-chimiques.
L’indice IPO de la Grande Gette sur Perwez varie grandement entre les 2 périodes alors que l’indice IPS ne change quasi pas. C’est également assez troublant. Quand on regarde le détail des mesures, il apparaît que ce changement est lié à une forte diminution de l’azote ammoniacal, des phosphates et de la DBO. Cette différence est probablement à chercher dans un facteur extérieur, type dysfonctionnement de déversoir d’orage.
Espérons que les résultats des analyses 2016 confirmeront cette tendance à la hausse de la qualité de nos rivières ! (fig. 5)
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