La plupart des plantes invasives ont été introduites pour l’ornement. Encore aujourd’hui, elles sont présentes sur le marché de l’horticulture. Elles sont utilisées dans les parcs, les jardins, les espaces verts, voire même en fleuristerie pour la conception de bouquets. Ces plantes sont appréciées car elles présentent une belle et abondante floraison, un feuillage aux formes et aux couleurs variées, elles poussent facilement…autant d’avantages qui ont séduit, et séduisent encore aujourd’hui, tant les professionnels que les amateurs de jardinage.
Les plantes ornementales font partie de notre quotidien. Du pépiniériste au jardinier amateur, nous sommes nombreux à les utiliser. Elles embellissent nos espaces verts, nos jardins et nos étangs d’agrément, pour notre plus grand plaisir.
Malheureusement, certaines plantes exotiques importées pour l’ornement sont devenues invasives. C’est le cas par exemple des trois espèces invasives les plus fréquentes le long de nos cours d’eau (renouée du Japon, berce du Caucase et balsamine de l’Himalaya), importées en Europe pour la première fois dans des jardins botaniques en 1825, 1817 et 1839 respectivement. Cela fait désormais partie de l’histoire… Les explorations de plantes sont devenues populaires au début du 19ème siècle. Les explorateurs avaient pour mission de trouver et de ramener en Europe de nouveaux spécimens exotiques intéressant à cultiver pour nos jardins (figure 1). Ces pionniers croyaient bien faire en nous ramenant ces nouvelles espèces, et personne ne pouvait prévoir à l’époque ce qui allait se passer, à savoir que ces plantes allaient s’échapper de nos jardins et s’étendre dans la nature.
Figure 1 : Le transport de plantes a considérablement augmenté ces 200 dernières années, en particulier avec l’engouement pour le jardinage depuis l’époque Victorienne. De nombreuses espèces exotiques ont ainsi été introduites en Europe à différentes dates. De nos jours, ce processus augmente avec la mondialisation.
« Beautés fatales », « belles mais dangereuses »,… tels sont les termes utilisés (certes pas toujours appropriés) dans la littérature de vulgarisation pour décrire les plantes invasives. Car effectivement, ces plantes sont belles de par leurs fleurs, leurs fruits ou tout simplement leur feuillage. Ces caractéristiques esthétiques ont fait leur succès dans nos jardins. Certaines plantes sont toujours très appréciées par les professionnels de l’horticulture. En voici quelques exemples:
Précisons que les trois espèces décrites ci-dessus ne sont pas très problématiques en Belgique, en comparaison avec d’autres pays européens plus sévèrement touchés par ces plantes. Pour plus d’information sur ces espèces, consultez les fiches descriptives sur le site Internet du projet AlterIAS.
Pour dresser un état des lieux de la situation actuelle, une enquête socio-économique a été réalisée par le projet AlterIAS. Le constat est le suivant : 80% des plantes invasives sont disponibles sur le marché. Une partie des résultats de cette enquête est illustrée dans la figure 2.
Figure 2 : Présence des plantes invasives (plantes terrestres) dans les catalogues horticoles en Belgique. Analyse de 146 catalogues. Pour plus d’information sur cette enquête, téléchargez le rapport sur http://www.alterias.be (voir rubrique « publication en ligne »)
L’utilisation des espèces invasives pour l’ornement joue un rôle central dans la dynamique d’invasion. Des études ont d’ailleurs démontré que le succès d’invasion des plantes invasives est lié à leur fréquence sur le marché, leur durée de commercialisation mais aussi leur prix de vente. C’est pourquoi les plantes invasives sont un enjeu de société, en plus d’être un enjeu de biodiversité…
Malgré leur apparente immobilité, les plantes ne sont pas des organismes statiques. Elles peuvent se déplacer. Une espèce plantée dans un jardin peut facilement se disséminer plus loin. La notion d’ « échappée des jardins » est une notion-clé pour comprendre le processus d’invasion. En effet, nous l’avons souligné à plusieurs reprises, les plantes invasives se sont d’abord échappées des jardins ou des pépinières elles ont été cultivées (figure 3). C’est ainsi que tout a commencé…
Figure 3 : Une plante exotique cultivée et multipliée en pépinière durant une longue période aura d’autant plus de chances de s’échapper un jour dans la nature. Dessin adapté de Mack R.N. (2005). Predicting the identity of plant invaders: future contributions from horticulture. Hortscience 40 (5): 1168-1174.
Ceci est particulièrement vrai pour les plantes invasives, qui présentent d’importantes capacités de dispersion (croissance rapide, production d’un grand nombre de graines, forte multiplication végétative). Plusieurs facteurs, naturels ou dus à l’homme, contribuent à leur dissémination dans le paysage (table 1). Les plantations volontaires (dans un jardin, un espace vert, le long d’une voirie) sont souvent à l’origine d’une invasion. Les graines sont ensuite dispersées par le vent ou par les oiseaux. Des fragments de plantes peuvent être transportés par les cours d’eau ou par mouvement de terres.
Facteurs naturels |
Facteurs anthropiques |
Dispersion des graines (vent, oiseaux, rivières,…) |
Plantation ou ensemencement volontaire |
Dispersion de fragments de tiges ou de racines |
Dépôt de déchets verts |
|
Transport de sols contaminés |
Dès lors, au plus une espèce invasive est plantée le paysage, au plus on augmente la probabilité qu’elle colonise un jour un milieu naturel favorable à son extension. Les milieux urbains jouent parfois le rôle de « réservoir » dans la dissémination des plantes invasives. Ceci est dû à la grande concentration d’espèces exotiques (dont des invasives) en ville, mais aussi à l’intensité des activités humaines qui servent de vecteurs de dispersion. De nombreuses espèces plantées en ville (ou dans les communes) peuvent facilement être transportées de proche en proche puis s’installer dans les milieux semi-naturels situés en dehors des centres urbains. Les voiries (routes, voies ferrées, cours d’eau) constituent à ce titre d’importants couloirs de dispersion le long desquels les espèces se déplacent.
Par de simples gestes, nous pouvons tous agir pour limiter la dissémination des plantes invasives. Voici quelques exemples de bonnes pratiques que nous pouvons appliquer dans nos jardins:
asbl Contrat de rivière Dyle-Gette - Zoning industriel, rue des Andains, 3 à 1360 Perwez - 081/24 00 40 - contrat.riviere(at)crdg.be