Depuis le démarrage du contrat de rivière en 1992, les choses ont bien changé du côté de la problématique des coulées de boue dans notre bassin. Au début, les communes se sentaient très démunies face à un phénomène qu’elles avaient beaucoup de mal à maîtriser (conflits de voisinage, absence de vision à l’échelle des micro-bassins versants, manque de solutions techniques...). Aujourd’hui, il en est tout autrement.
A Lincent, la pente d'un chemin creux a été "recoupée" par des buttes-barrages |
C’est avec la collaboration des Communes (voisines) d’Orp-Jauche et de Lincent que le CRDG programmait ce 26 octobre une sortie de terrain à l’attention de ses communes partenaires, pour faire le point et partager les expériences de chacun en matière de lutte contre l’érosion des terres agricoles.
Ces deux communes ont eu particulièrement à souffrir de coulées de boue. Sur leurs territoires, les aménagements se sont multipliés ces dernières années, pour enrayer le phénomène et limiter les conséquences dommageables.
Une douzaine de communes ont répondu à l’invitation. Leurs représentants ont pu prendre connaissance de l’expérience acquise par les deux communes hôtes du jour. Au fil du temps, Orp-Jauche et Lincent sont en effet devenues des communes de référence en matière de savoir-faire dans ce domaine. C’est ainsi que nous avons pu visiter un panel d’aménagements très diversifié : bandes enherbées, fascines de branches, fascines de paille, digues et bassins de retenue, buttes-barrage dans chemin creux....dans les environs immédiats des villages de Orp-le-Grand, Pellaines et Lincent.
François Smet et Pierre Demarcin à la manoeuvre | Fascine de paille en crête de talus à Pellaines/Linsmeau | Les débouchés de chemins creux sont des points délicats |
Le diagnostic initial est prépondérant : pour ce faire, les communes bénéficient des précieux conseils des agents du Service public de Wallonie (la Cellule GISER et le Département DAFOR) avant d’entamer tout travaux. Ce diagnostic initial se fait toujours à l’échelle du micro-bassin versant concerné, puisque c’est sur cette portion de territoire agricole que ruissellent et se concentrent les eaux de pluie avant d’impacter les voiries et éventuelles habitations situées plus en aval. Sur chaque bassin versant (dont la superficie peut varier de quelques hectares à plus de 100 hectares), on identifie d’abord les différents axes de ruissellement concentré (principaux et secondaires).
Ensuite, toute une série d’aménagements, complémentaires les uns aux autres, sont recommandés sur l’ensemble du bassin, pour ralentir et/ou retenir les eaux de ruissellement. On dénombre parfois une quinzaine d’aménagements différents proposés par les experts de la Région wallonne sur un seul et même bassin (bandes enherbées, dos d’âne, talus, fascines, digues pour zones d’immersion temporaire...) !
La suite est connue : établissement de cahiers des charges, recherche de subsides auprès de la Province du Brabant wallon et de la Région wallonne, choix des entreprises sous-traitantes et réalisation des travaux (à tout le moins de certains travaux parmi la liste proposée). A noter que les Communes de Orp-Jauche et Lincent ont aussi investi beaucoup de moyens sur fonds propres pour lutter contre les coulées de boue : articles budgétaires spécifiques, engagement de personnel, réalisation de travaux par les ouvriers communaux, communication vers la population, arrêtés de police....Quant à la Commune de Lincent, elle a pu bénéficier de la procédure de remembrement rural pour réaliser plusieurs aménagements.
La maîtrise technique des ouvrages et autres aménagements est essentielle. Beaucoup d’échanges entre les participants ont porté sur les aspects techniques (choix de système à mettre en place, coût, entretien, évaluation des dispositifs...). Il a aussi été souligné que les erreurs techniques faites lors des premiers aménagements servent souvent de leçons pour améliorer les réalisations suivantes. La Cellule GISER du SPW a par ailleurs édité un recueil de bonnes pratiques pour la gestion du risque de ruissellement en zone rurale, sous forme de fiches. Un exemplaire du recueil a été remis à chaque participant.
Autre remarque entendue : des habitudes, apparemment anodines, prises lors de travaux au champ, peuvent parfois suffire à réduire de façon involontaire mais significative l’efficacité d’un aménagement anti-érosif. D’où l’importance de pouvoir communiquer avec les agriculteurs concernés, et ce d’une façon la plus sereine possible.
Il en est de même pour ce qui concerne la transmission préalable des infos vers les communes en matière d’assolement triennal, de façon à pouvoir prévenir les situations à risque.
Hélène Guion à la manoeuvre | Fascine de branches entre deux parcelles agricoles |
En amont du phénomène de ruissellement, l’application de certaines techniques de conservation des sols (TCSL) peut venir renforcer, à titre préventif, les effets des aménagements anti-érosifs. Voir le site de Greenotec.
Le secteur de la culture des pommes de terre n’est pas en reste non plus : son représentant nous a informés que le cloisonnement des interbuttes est dorénavant pratiqué pour plus d’1/4 des surfaces de pommes de terre en Wallonie.
Quant au CRDG, il s’est félicité du nombre total de réalisations et de projets existants à l’échelle de l’ensemble du bassin Dyle-Gette. Voir la carte récapitulative ici Trois facteurs prépondérants sont à l’origine de ce constat encourageant : la motivation, l’implication et les compétences accrues des communes, le travail d’aide-conseil considérable de la part de la Cellule GISER et le coup de pouce financier donné depuis plusieurs années aux communes par la Province du BW.
Un merci tout spécial à Hélène Guion (Commune de Orp-Jauche), François Smet (Commune de Lincent), Pierre Demarcin (SPW-Cellule GISER), Frédéric Robinet (SPW-DAFOR) et ... à notre chauffeur de bus !
asbl Contrat de rivière Dyle-Gette - Zoning industriel, rue des Andains, 3 à 1360 Perwez - 081/24 00 40 - contrat.riviere(at)crdg.be